En 2003 et 2004 , la ville de Biarritz, dans le cadre du Biarritz Surf Festival,et sous la responsabilité de Robert Rabagny, accueilli les championnats du monde de longboard et des épreuves internationales de surf tandem.
Pour l’édition de 2003 il n’était pas prévu au départ la mise en place d’une assistance ostéopathique. La proposition de la mettre en place, retenu l’attention du dynamique organisateur Robert Rabagny, toujours attentif à tout ce qui pouvait améliorer l’image de marque de l’événement et l’attention donnée aux compétiteurs.
Les objectifs étaient d’apporter à ces surfeurs professionnels, l’assistance d’ ostéopathes professionnels, afin d’aborder dans les meilleures conditions possibles la compétition ;ceci à titre préventif, thérapeutique , mais aussi en terme de récupération entre leurs séries .L’équipe était composée de deux ostéopathes DO chaque jour,dont plusieurs professionnels enseignant au COS Aquitaine.
En 2003 Biarritz fut une des épreuves du championnat du monde, et en 2004 l’unique épreuve décernant le titre de champion du monde de longboard .
Les épreuves internationales de surf tandem, rassemblèrent aussi des compétiteurs venus d’Hawaii,d’Australie, de Californie et de France.
Sans renter dans des considérations techniques trop précises, revenons sur ces deux disciplines.
Le longboard se pratique avec des planches mesurant au moins 9 pieds, soient
2,75 mètres environs et les compétiteurs,quatre à chaque série, doivent sur un nombre de dix vagues maximum,et dans un temps imparti, marquer un maximum de points.Les deux meilleurs étant qualifiés pour la série suivante.
Dans cette discipline sont notés l’engagement par rapport aux choix des vagues,mais aussi la manière d’évoluer sur celles-ci.
Deux écoles « s’affrontent », une dites « old school » où prime la manière dont le surfeur va évoluer sur sa planche : c’est une des caractéristiques du longboard par rapport au shortboard, le surfeur peut ,par exemple,marcher et venir s’installer sur le nose (avant de la planche) ,et surfer la vague dans cette position.Les dix orteils dépassant en avant du nose (hang ten) ,est la figure la mieux notée.
L’autre école priviligie les manœuvres radicales réalisées sur la vague,comme en shortboard, ceci étant particulièrement spectaculaire avec une planche de cette taille.
Enfin quelques compétiteurs arrivent à concilier les deux styles.
Le surf tandem ,discipline pratiquée dés le début du 20ème siécle à Waikiki Hawaii, est un mélange de surf et de danse. Il se pratique en couple, la partenaire devant peser au minimum 30 kgs de moins que son partenaire.Une fois le « take-off » réalisé,les deux partenaires doivent surfer la vague ensemble et effectuer des figures acrobatiques ou « portés ».
La notation prend en compte aussi la radicalité, la manière d’évoluer sur la vague, mais aussi l’esthétisme,la grâce,et la difficultés des portés réalisés.
Plus un porté est réalisé en l’air, au dessus des épaules du partenaire,de surcroît avec un seul bras, plus il vaut de point.Vous comprenez pourquoi,le poids de la partenaire est réglementé…
Nous avons pendant ces épreuves reçu en consultation les compétiteurs,mais aussi les membres de l’organisation, les sponsors,les juges,les journalistes,des légendes du surf,un acteur de cinéma …
Tout en restant très conceptuel( globalité du patient ) dans nos prises en charge,nous avons classé les motifs de consultations en dix catégories,pour pouvoir traiter nos résultats :
-demande de bilan préventif
-douleurs lombo-pelviennes et irradiation sciatique,cruralgie…
-membre inférieur
-membre supérieur
-viscéral
-système céphalique et cranio-sacré
-colonne dorsale
-colonne cervicale
-sphère psychologique
-relaxation et préparation.
Vous trouverez ci-dessous,un tableau de présentation des 171 motifs de consultation chez les 95 consultations que nous avons assurées pour les compétiteurs exclusivement.Chaque consultant pouvait avoir plusieurs motifs.
Quelques commentaires :
-Contrairement à une idée reçue , peu de compétiteurs se sont plaints de problème de chevilles, juste une fracture de la malléole externe chez une compétitrice tombant dans peu d’eau.Le thème « pied du surfeur et ostéopathie »,ne semble pas être un sujet de mémoire particulièrement intéressant.
Les motifs siégeaient surtout aux genoux.
-Au niveau du pelvis,les dysfonctions iliaques sont plus fréquentes que celles du sacrum ;chaînes lésionnelles montantes ? à investiguer éventuellement par un travail de fin d’études…
Lorsque les dysfonctions du sacrum sont retrouvées, se sont avant tout des torsions postérieures : existent-elles pour une raison liée à la pratique ou pour une autre raison ? une étude comparative serait la bienvenue.
-Au niveau de la colonne lombaire,les dysfonctions en FRS avec divergence des facettes (surtout L2L3) sont les plus fréquentes,et L5 très rarement ,ceci même chez les tandem surfeurs dont la charnière lombo-sacrée doit pourtant supporter le poids de la partenaire.
Ces plaintes de la région lombo-pelvienne sont les plus fréquentes.La position en hyper-extension lors de la rame ,avec des muscles spinaux contractés en permanence,alternant avec ,lors de la partie surf, une demande de mobilité en « torsion » de la région, les pieds étant à ce moment point fixe, étant peut-être une explication possible.
-Au niveau dorsal, la zone « ingrate » entre les omoplates, T3T4, est fréquemment retrouvée, certainement du aux efforts produits dans la position pour ramer,ce qui explique certainement aussi, la deuxième place en terme de fréquence,pour ce motif de consultation.
Quelques entorses costales ,K4 et K5 essentiellement, liées aux mouvements des bras initiant ou accompagnant la rotation du tronc lors de manœuvres radicales ?
-La charnière cervico-dorsale est bien-sûr fréquemment retrouvée dans les plaintes cervicales,comme les pertes de mobilité dorsales hautes, mais le rachis cervical bas (C2àC6) et le rachis cervical haut semblent moins souvent impliqués.
-Associée à ces dysfonctions de la charnière C7-D1, des dysfonctions de la clavicule, et plus souvent en rotation antérieure ,ce qui devrait ouvrir une recherche sur l’existence d’un mécanisme lésionnel complémentaire à celui habituellement proposé dans l’enseignement.
Ces dysfonctions de la clavicule sont les plus fréquemment retrouvées dans les plaintes de la ceinture scapulaire.
-Aucune demande de prise en charge pour des raisons liée à la sphère « psychologique », manque de connaissance sur l’unité corps-esprit dans le concept ostéopathique ? ou super zen les longboardeurs ,même en compétition mondiale ? un peu des deux certainement.
Conclusion : l’existence de l’assistance ostéopathique répond à une véritable demande, vu le nombre de dysfonctions (parfois anciennes) présentées par les compétiteurs.
Beaucoup de compétiteurs,professionnels ou semi-professionnels n’ont pas visiblement accès chez eux à l’ostéopathie (Brésiliens par exemple).Certains étant obligés de revendre leur planche pour se payer le billet d’avion de retour…
La gestion des consultations,comme sur toute manifestation sportive,est un peu différente de la pratique de cabinet,puisque les compétiteurs peuvent se retrouver engagés dans leur série peu de temps après le traitement,sans que le corps dispose de suffisamment de temps pour répondre aux corrections.Le choix d’un traitement ,en fonction des dysfonctions présentes et en même temps ,des exigences liées à la compétition en cours,est une excellente école pour les jeunes professionnels qui sont venus nous donner un « coup de main » pendant ces deux éditions.
De plus, le sens proprioceptif en rapport au « schéma » habituel d’un surfeur, ne devant pas être trop perturbé au cours de la compétition,de façon à ne pas changer radicalement ses sensations et ses appuis sur la planche.
Il faut rendre de la mobilité au corps de manière à ce que le compétiteur puisse,
dans une dynamique perception-réaction ,s’adapter et adapter son surf à la vague toujours changeante, extension du principe d’homéostasie…concept quand tu nous tiens …
Perspectives: la présence d’ostéopathes a été très appréciée par les compétiteurs. La plupart de ceux qui ont consultés connaissaient déjà la discipline, mais furent surpris de notre présence sur le site la première année.
En effet, l’existence d’une assistance ostéopathique n’est pas encore systématique sur ce type d’événement.La difficulté rencontrée parfois auprès des sponsors organisant ces compétitions (grandes marques de surf anglo-saxonnes) ,est relative aux critères demandés aux professionnels ostéopathes devant intervenir,à savoir les mêmes qualifications que les ostéopathes Américains.D’ou ,encore une fois ,la nécessité de réaliser un enseignement répondant,à minima,aux critères de l’OMS (4300 heures).
Eric Delion DO mrof
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