Après avoir organisé l’assistance ostéopathique aux championnats de monde de longboard (WLT) à Biarritz en 2003 et 2004 j’ai proposé à Enbata de mettre en place l’assistance ostéopathique pour l’étape française du stand up world tour.
Grace à l’aide des ostéopathes du COPB (Cercle des Ostéopathes du Pays Basque), ce sont plus de cinquante compétiteurs qui ont bénéficiés durant les neuf jours du contest de soins ostéopathiques.
Cette assistance a permis de faire un premier tour d’horizon des plaintes les plus fréquemment rencontrées chez les pratiquants de cette discipline émergente.
En effet, même si ils sont nombreux à être de véritables watermen, pratiquant d’autres disciplines en rapport avec l’océan, elle a fait ressortir les plaintes en rapport avec la pratique du SUP. Une comparaison avec les plaintes rencontrées chez les longboardeurs permettra ensuite de faire ressortir quelques éléments de réflexions sur la pratique de cette discipline en plein essor.
Voici les principales observations qui ont pu être réalisées concernant les motifs de consultation:
- La présence de douleurs lombo-pelviennes sont légèrement moins nombreuses chez les stand up paddleurs que chez les longboardeurs.
42% des premiers présentaient ce type de plainte (lumbago, sciatalgie...) contre 52% des longboardeurs. Les jonctions sacro-iliaques semblent davantage sollicitées que la jonction lombo-sacrée et font l’objet des plaintes les plus fréquemment mises en rapport direct avec la pratique du SUP.
Chez deux pratiquants une nette amélioration des douleurs lombaires est constatée lors de la pratique du stand up.
Le SUP présenterait ainsi ce que beaucoup pressentait déjà, c’est à dire une alternative très valable à la position de rame en hyper extension pour les riders souffrant de certains problèmes lombaires.
- La présence de douleurs au niveau des membres supérieurs et de la ceinture scapulaire est nettement moins importante aussi chez les pratiquant du Sup que chez les longboardeurs : 11% des premiers présentaient ce motif de consultations contre 24% chez les seconds.
La rame avec la pagaie apparaît ainsi être également nettement moins source de douleurs que la rame allongée. Néanmoins lorsque cette plainte existe elle est mise en relation directe avec la pratique du SUP, nous proposerons une explication un peu plus loin.
Nous pensions trouver plus de plaintes à type de tendinite au niveau du coude (le fameux « tennis elbow ») mais l’évolution du matériel (matériaux et type de construction) et le choix judicieux d’une bonne longueur de pagaie ainsi qu’une utilisation adéquate de celle-ci, semblent protéger de ce type de problème (un cas rencontré seulement pour 50 consultations).
- La présence de plaintes au niveau du rachis cervical est aussi moins présente chez les stand up paddleurs que chez les longboardeurs : 9% des premiers avaient ce type de motif contre 29% des seconds.
Là encore la pratique du SUP permet d’éviter (sauf à de courts moments) la position de rame allongée et l’hyper extension du rachis cervical qui en découle et la contracture isométrique des muscles cervicaux.
L’ostéopathie nous apprend que la partie du corps présentant un symptôme douloureux n’est pas toujours l’endroit où siègent les dysfonctions ostéopathiques ou pertes de mobilité. Ces zones douloureuses le sont parfois parce qu’elles sont trop sollicitées.
Ainsi nous nous sommes intéresses aux zones les plus fréquemment en de perte de mobilité chez les pratiquants du SUP :
- 30% présentaient des dysfonctions des muscles trapèzes et angulaires. Ceci est relativement élevé en comparaison aux plaintes retrouvées toutes confondues, au niveau de la colonne cervicale et des membres supérieurs. En particulier le muscle angulaire est très fréquemment retrouvé en lésion et ceci en rapport avec l’utilisation de la pagaie en tant que point d’appui sur l’eau lorsque le regard est porté du côté opposé (cf photo). C’est certainement ce qui explique la mise en relation faite par les stand up paddleurs, entre la pratique de leur discipline et la survenue de douleurs au niveau de la région de l’épaule (sollicitation du muscle angulaire).
- 44% présentaient des dysfonctions au niveau lombo-pelvien.
-16% au niveau dorso-lombaire et du diaphragme abdominal (sans qu’il existe de plainte à ce niveau).
-18% au niveau de la première vertèbre cervicale (l’atlas) et de la base du crâne (l’occiput) et 8% au niveau du rachis cervical bas. L’importance des dysfonctions des deux premiers niveaux cervicaux s’expliquent certainement par la présence des dysfonctions du sacrum lorsqu’elles existent mais aussi et surtout par l’implication des muscles trapèzes et angulaires.
Eric Delion ostéopathe DOMRO (F)