Le mardi 6 novembre à la Faculté pluridisciplinaire de Bayonne, se tenait une conférence animée par Joël de Rosnay et Gibus de Soultrait sur le thème « Vagues, Rythme et société fluide ».
En première partie Gibus de Soultrait, auteur de « L’entente du mouvement », a rappelé comment nos sociétés modernes avaient évolué en conquérant l’espace puis le temps, pour se trouver maintenant dans une forme d’impasse, d’où seul le mouvement (dans le sens de rester en mouvement) pourrait nous sortir.
Appliqué au domaine de la vie publique, et en particulier de la vie politique, rester en mouvement pour nos hommes politiques consisterait à « agir à juste de titre ».
Le propos est illustré par la couverture du magazine The Economist montrant Gorbatchev surfant sur une vague.
A mon avis, cette adaptation aux circonstances pour agir de manière circonstanciée, doit venir en complément à l’idée comme quoi « gouverner c’est prévoir ».
Nos hommes politiques doivent trouver un équilibre entre l’anticipation des phénomènes à venir et l’adaptation, qui consiste à ajuster les prises de décision prises antérieurement, en fonction de l’évolution réelle des évènements, à l’image du surfeur qui prévoit sa session en fonction des prévisions de houles, de vents... etc etc, mais qui finalement choisit d’y aller ou de ne pas y aller une fois qu’il est face au spot, et adapte ensuite son surf à la vague qui se présente.
Joël de Rosnay a fait une courte et brillante présentation des idées qu’il développe dans son dernier livre « Surfer la vie », en montrant bien l’inadéquation existant actuellement entre des systèmes pyramidaux où le pouvoir s’exerce de façon autoritaire de haut en bas et des systèmes transversaux où c’est l’auto-organisation entre les membres, le lien créé, la fluidité dans les rapports, qui font émerger la décision.
C’est ce modèle de société fluide, à l’exemple de tous les systèmes vivants où l’interaction entre les membres, la rétroaction entre les actions mises en œuvre et les conditions initiales, créent les conditions optimales de développement, profitant à l’ensemble.
La reconnaissance de l’ostéopathie, avant qu’elle ne devienne institutionnelle, est passée par cette étape, où le choix effectué par des millions de personnes de se soigner de cette manière, a obligé les politiques à légiférer. C’est un exemple où l’organisation transversale de la société, a fait émerger une réalité devant ensuite être prise en compte par les décideurs.
Aujourd’hui qu’elle est reconnue et institutionnalisée, l’ostéopathie doit faire face aux conflits d’intérêt, aux actions de lobbying des uns et des autres (médecins, conseil de l’ordre des kinésithérapeutes, industrie pharmaceutique, ostéopathes exclusifs...) chacun cherchant à tirer la couverture à soi, argumentant tous de la sécurité des patients ... et cherchant tous à imposer leur point de vue aux autres groupes à coup d’arguments parfois fallacieux ...
Finalement, pour le moment, ce sont encore fort heureusement les patients qui décident, quels sont les ostéopathes à qui ils vont confier leur corps et leurs maux. Mais pour combien de temps ?
La finalité de l’ostéopathie, médecine du mouvement, à travers sa philosophie pragmatique, ses concepts et sa méthodologie, étant de redonner de la mobilité aux différents constituants du corps humain, de restaurer la fluidité et de rendre le patient responsable de sa santé et donc plus autonome, nous pouvons espérer qu’elle continue à jouer son rôle au sein de la société.
Seuls des individus éclairés, gardant un esprit critique, libres et responsables de leur choix concernant leur santé, en interaction avec leurs contemporains, peuvent faire vivre une société fluide et réellement démocratique. Dans cette société en mouvement, fluide, adaptable, vivante, solidaire et responsable, les choix ne seront pas faits à la place des citoyens par les lobbys et les partis politiques, toutes obédiences confondues.
Tel est l’enjeu !!
À suivre ...